Bertrand Planes


Œuvre exposée au Carreau de Cergy (2015) et à la Fondation Vasarely (2014)

Life Clock. 2004-2008.
Horloge au mécanisme ralenti 61320 fois, diam. 51 cm.
Courtesy of the artist and New galerie, Paris.

Simple horloge, Life Clock n’en reste pas moins un objet démesuré. De par sa taille d’une part, mais plus notablement par la valeur des chiffres qu’elle affiche. Bien qu’au nombre de 12, ses chiffres ne sont plus ceux d’une mesure universelle solaire, ceux des heures quotidiennes de 1 à 12, mais se voient ramener à la mesure de l’individu.

Planes_life_clock

Graduée de 0 à un 84 suggéré, espérance de vie connue des femmes au moment de sa réalisation, les aiguilles de cette horloge sont considérablement ralenties, avançant de manière imperceptible, au rythme d’une vie. Ramenée à cette échelle, elle se fait intrigante et conduit à s’interroger sur la matérialité de ce temps qui ne s’écoule plus à l’œil nu et pourtant se remplit des événements de celui dont elle est le double en creux, ou plus exactement, en données numériques. Résumé à la vitesse d’une aiguille et à la restriction limitée des chiffres, elle est l’image du chemin parcouru, de celui qui s’écoule de manière insidieuse dans l’instant,  mais surtout, elle questionne son devenir, celui du temps qui reste a parcourir dans l’expectative de pouvoir s’arrêter à tout moment..

Plus qu’un portrait d’individu, elle incarne une image de la condition humaine.

Conscience du passé, arrêt sur image au présent, notre connaissance intellectuelle de l’objet anticipe son itinéraire et projette la course de ses aiguilles dans l’idée d’une échéancce dont le point final serait leur rencontre au sommet. Pourtant, c’est bien un temps circulaire que décrit la rotondité du cadran, a priori voué à se poursuivre indéfiniment, à reprendre sa course au delà du 0, à se répéter de manière perpétuelle…

« Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible ;
[…]
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ! »

Extraits de L’Horloge, in Les Fleurs du Mal. C. Baudelaire.

 
Œuvre exposée à la Fondation Vasarely (2014)

Looking for the source 32 attempts. 2010.
Video HD, 37’’.
Prêt de l’artiste

 

Modem. 2014.
Co-création avec Arnauld Colcomb.
Installation in situ, portrait de Victor Vasarely, dispositif informatique, bois.

 

Bertrand PLANES

Né en 1975 à Perpignan. Vit et travaille à Paris.

Plasticien-programmeur issu des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD) et de l’école supérieure d’arts de Grenoble, Bertrand Planes est connu pour sa remise en cause de la finalité de l’objet d’art. Il développe des dispositifs vidéos, met au point des procédés techniques complexes lors de collaborations avec des chercheurs du CNRS et crée de nouveaux outils à partir de mécanismes existants qu’il compile entre eux pour les réarranger.

Bertrand Planes s’est fait connaître dès sa sortie de l’école grâce au lancement de la griffe Emmaüs en 2003 et par l’organisation de ses défilés-performances, très médiatisés. Il a ensuite réalisé en 2005, à l’occasion de la Biennale d’art contemporain de Bolivie son premier dispositif stéréoscopique : une restitution virtuelle illusionniste.

Une des pratiques de Bertrand Planes consiste à dénaturer l’impératif fonctionnel et commercial de l’objet produit en série et tout en conservant ses qualités esthétiques, il le détourne de ses fonctions premières pour lui en attribuer de nouvelles et l’investir de sens parfois contradictoires à leur usage premier. En 2006, il débute avec Bumpit !  une longue série d’installations basées sur une pratique de repérage spatial et projection d’images, devenant l’un des précurseurs d’une pratique nouvelle désormais connue sous le terme video mapping.

Les œuvres de Bertrand Planes empruntent à la technologie et ses utilisations, pour mieux pointer leurs causes et conséquences sociales. Elles s’incarnent dans des dispositifs impliquant souvent un développement, une progression et s’attachent à questionner le contexte de monstration artistique en élargissant son périmètre vers des lieux inattendus parmi lesquels le CNRS, le Salon de l’Automobile, le Citu (Paris 8), Emmaüs, le Bon Marché… Ses dernières expositions se sont tenues à Berlin, Saint Petersbourg, Copenhague, Paris, Singapour, Curitiba (Brésil), Moscou.  http://www.bertrandplanes.com/