Œuvres exposées au Carreau de Cergy (2015)
La Gare du Nord. 2014.
Every Landscape is a tragedy. 2015.
L’autoroute des vacances. 2015.
Technique mixte sur papier. 50 x 65 cm.
Prêt des artistes.
Dans leurs dessins produits à six mains, Yann Bagot, Nathanaël Mikles et Klub donnent à voir des paysages grouillants d’activités, d’agitation, de mises en scène aux personnages souvent caricaturaux mais regorgeant de détails prêts à révéler, sous ses airs enjoués, une humanité en déliquescence.
Every Landscape is a tragedy représente quelques étagères sur lesuelles reposent des bocaux divers contenant chacun des éléments naturels de paysages ou liés à sa représentation scientifique. Les échelles ont disparues: les étoiles, les dunes, les algues, les atomesont de stailles semblables que l’on peut tous enfermés et conservés sous vide comme des échantillons ou des restes par quelque étrange collectionneur. Dans une nature morte où l’infini semble vouloir etre réuni à travers un motif répété, cette composition n’est pas sans rappeler les constructions impossibles au crayon de M.C.Escher et se rejoignant dans une certaine défiance face à nos habituelles représentations du temps et de l’espace qui ne peuvent seules exister que par l’esprit.
La Gare du Nord et l’Autoroute des vacances empruntent à un trait plus sonore, plus proche de celui de la bande dessinée et de sa narration en mettant en scène un brouhaha d’activités dans des lieux de passage hautement fréquentés. Dans cette intense activité, la bigarrure et la louffoquerie de certains personnages se noient dans la masse, puisque tous ne sont plus qu’obsédés par le chemin à suivre celui dessiné par les lignes droites, sans départ ni destination, et qui sortent de la page pour certainement se poursuivre indéfiniment.
Œuvres exposées à la Fondation Vasarely (2014)
La Zone. La soirée électorale. L‘Antidote.
Dessins sur papier de la série « La Fin détend ». 2011-2012.
Mine de plomb, crayon de couleur, feutre. 50 x 65 cm.
Prêts des artistes.
La Fin détend est une série de dessins collectifs réalisés à trois mains, simultanément par Yann Bagot, Nathanaël Mikles et Klub. Alternant les paysages faussement tranquilles -ou lorsqu’ils le sont, en deviennent suspects et inquiétants- et les mises en scène aux personnages souvent caricaturaux, tous regorgent de détails pour dépeindre une humanité en déliquescence.
La Zone évoque un espace déserté dont les éléments industriels suggèrent une présence passée. L’espace n’ plus rien de naturel, tout y est manufacturé, modelé par l’activité humaine dont l’acteur a pourtant disparu. Préalable d’une activité à venir ou restes d’un champ de bataille, c’est un no man’s land, hors du temps, où résonne le silence des espaces témoins du passage de l’humain. Image tragique de cette empreinte laissée à l’environnement et des « dommages collatéraux », il y apparait que toute action porte ses effets et que même les plus mineures ou communes laissent des traces.
La Soirée électorale est l’illustration acide du monde politique et des supports médiatiques. Au centre de la composition, le tournage télévisuel d’un débat politique en noir et blanc, faite de minuscules silhouettes, est immergé dans un univers d’écrans aux couleurs criardes. De ce décalage se dégage la dichotomie de la réalité du moment et le différé de son interprétation, entre ce qui est vécu et ce qui est transmis, et de fait, les possibilités d’une situation arrangée, améliorée au bon vouloir d’intérêts communicationnels. La Soirée électorale dépeint un monde de l’immédiateté nécessaire du message inventant, pour se faire, les moyens permettant de s’arranger avec la réalité et la voir ainsi augmentée.
Proche des jeux illusionnistes de M.C. Escher, ce semblant de machine ou de lieu de production aux motifs récurrents de cuves et de tuyaux prend place pour permettre l’écoulement d’un liquide, probablement L’Andidote, en question. Paradoxe du circuit fermé, auto-alimenté, cet appareil-usine fabrique un flux qui ne fait que s’écouler et revenir sur lui-même. Dans l’absurdité de son fonctionnement illisible mais autarcique, elle semble invoquer l’image d’une impossible quête ou l’allégorie du passage dans un feu temps finalement circulaire.
Collectif ENSADERS
Yann Bagot. Né en 1983 à Paris. Vit et travaille à Paris.
Klub. Né en 1985 à Paris. Vit et travaille à Berlin.
Nathanaël Mikles. Né en 1981 à Cannes. Vit et travaille à Paris.
Collectif de dessinateurs composé de Yann Bagot, Klub et Nathanaël Mikles, les Ensaders se sont rencontrés en 2003 aux Arts Décoratifs de Paris (ENSAD) et bâtissent des images en commun : sur la même feuille, ils dessinent simultanément et mélangent leurs traits, en atelier ou lors de performances de dessin improvisé en public. Leur pratique s’élargit à différents supports en volume, pop-up, mobilier, papier peint. Ils mettent en résonances leurs multiples sources : mythiques, classiques, psychédéliques, alchimiques, populaires. Citations, thèmes sacrés et profanes se réunissent et se confrontent pour révéler un univers décalé et inquiétant, souvent miroir ou écho de l’actualité.
En parallèle, ils publient leurs créations éditoriales, recueils de dessins et livres d’artistes dans le cadre de leur maison d’édition associative, Ensaders Editions. Ils partagent régulièrement leur travail de création collective lors d’ateliers pédagogiques.
« Nous sommes pour un monde absurde et le réenchantement du réel. Nous réveillons les mythes car nous savons que les mystères existent encore. Qui rira, paiera. »